Sur le retour

Emi Louise

Elle n'a pas vraiment le temps de tourner toutes ces nouvelles informations dans sa tête pour les comprendre que la menace qui a des allures de prédictions tombe comme un couperet.

"Je n'ai jamais eu l'intention de compliquer quoique ce soit. Ce que je veux, c'est que Ernest revienne. Et il va revenir n'est-ce pas. Si il était là il y a encore 10 minutes, c'est qu'il fait partie du prototype. Ne serait-ce que pour apaiser les méfiances des habitants du coin."

Elle se tait quelques secondes. Elle doute encore de l'aspect véridique de la scène.

"J'aimerai des preuves de ce que vous avancez. Qui me dit que ce n'est pas Ernest qui développe un dédoublement de personnalité qui mérite des soins appropriés."

Ernest Giacomazzi · Mort Hors ligne Inscrit le: 13 Juin 2010 Messages: 130

La chose ricane froidement.

La méfiance de la population locale ? Mais vous ne trouvez pas que ce que vous appelez "Ernest" est déjà bien atteint ?! Qu'il est parfaitement asocial ? Et si, en l'occurrence, Ernest peut se faire passer pour ce qu'il n'est pas, qui vous dit que je ne peux pas en faire autant ? C'est là que cela devient intéressant. Mais l'expérience va bien au delà. C'est assez pervers, pour les profanes comme vous.

Il s'approche d'Emily, et tend un de ses gants cloutés, paume ouverte. Le vice caché du timbre évoque un air de défi.

Avant de vous prouver quoi que ce soit, Citoyenne, rendez moi l'objet qu'il vous a donné.

Emi Louise

Un vague malaise l'envahit. L'annonce de la mort d'Ernest tourne en boucle dans son crâne et résonne un peu plus fort à chaque fois.

"Non !" s'offusque-t-elle en s'éloignant de la voix de Randall. "...Non..."

Pire encore que de subir une rupture : apprendre que toutes ces dernières lunes n'étaient que le possible fruit d'un délire de prototype vivant, exploitant la mémoire d'un mort.
N'en pouvant plus, elle est incapable d'ajouter autre chose et le flot de larmes jusqu'à maintenant retenu se déverse sans pudeur. Elle reste une longue minute prostrée dans sa douleur puis relève le visage pour siffler sa haine.

"Il y avait des .. façons plus.. élégantes de rejeter une femme... Je sais que l'élégance... n'est plus à la mode... Mais là, c'est trop tordu... Je... Vas te faire foutre Giacomazzi, Randall.. Qui que tu sois... Considère que c'est fini, et que je garde tout... Souvenirs et cadeaux. Puisque... c'est tout ce qui me reste... Tu me dégoûtes..."

Elle recule encore et tourne le dos pour partir, les épaules secouées par des sanglots.

Ernest Giacomazzi · Mort Hors ligne Inscrit le: 13 Juin 2010 Messages: 130

D'un pas assez assuré, mais relativement gauche compte tenu des substances ingérées et des chutes, il emboîte le pas d'Emily. Passant lentement devant elle, sans la regarder:

Ding Dong ! Merci Citoyenne. Je ne pensais pas que cela se réglerait si vite.

Il s'arrête un instant, et rit aux éclats.

Mais je n'en attendais pas moins de votre part. Maintenant qu'il vous dégoûte, son heure a bientôt sonné. C'était très enrichissant. Aléatoire et dangereux, mais enrichissant. Il y avait beaucoup de possibilités. De combinaisons. J'ai gagné ! Je gagne toujours à la fin.

Il secoue la main exagérément, en signe d'au revoir:

Boooonneeeeuh nuit, Citoyenne ! J'ai si hâte que l'on travaille ensemble !

Emi Louise

"Bien au contraire... Tu as tout perdu. Hors de question que je sois la seule à souffrir dans cette histoire..." murmure-t-elle, déterminée, en fuyant ce rire qui brise ses entrailles.

Direction les douches.

Un début dans le processus de l'Oubli.

Ernest Giacomazzi · Mort Hors ligne Inscrit le: 13 Juin 2010 Messages: 130

Il hausse les épaules, et continue à pouffer. Il regarde Emily s'éloigner, et commence à pianoter en juxtaposant ses doigts.

Je crois qu'elle n'a pas très bien compris, Giacomazzi.

Le flux digital s'arrête.

J'ai oublié de lui préciser les nuances qui accompagnent le mot "mort" suivi de votre nom.

Hochement de tête. Dans le vide, dans le noir. Il se dirige vers son wagon, en continuant d'entrechoquer ses doigts.

D'un point de vue cérébral, vous ne serez jamais mort. D'un point de vue philosophique, vous le deviendrez. D'un point de vue éthique, nous sommes une aberration.

Il se frotte les mains avec vigueur.

Vous crevez d'envie de vous suicider, mais vous ne pouvez pas, n'est ce pas ? Pour elle. Vous y croyez encore, au fond de vous. Mais elle non.

C'est charmant... Tic tac tic tac tic tac tic... Game Over, Giacomazzi.

Puis disparaît, à un carrefour.